lundi 8 juillet 2013

Les aventures ébouriffantes de Fabien au pays des Caribous (épisodes 5 et 6)


Jour 5

Je me réveille avant le soleil car aujourd'hui je m'aventure en dehors de la ville, dans le village voisin situé au cœur des Laurentides. Après avoir parcouru les 3750 kilomètres qui m'en séparent (dont 3700 en ligne droite), j’atteins une forêt  qui m'annonce que j'ai quitté la banlieue de Montréal et que je pénètre dans le Parc du Mont Tremblant. Du moins je devine qu'il doit s'agir d'une forêt, sous ces 8 mètres 50 de neige.

Parés de moufles, d'après-ski et d'un collier de fleurs, la famille Ours m'accueille à pattes ouvertes. Après une visite de l'endroit en motoneige et m'avoir offert un verre de l'amitié (de l'alcool d'orignal), nous profitons de la beauté du paysage et des 76° du tord-viscères pour refaire le monde. 
Papa Ours se déclare ainsi favorable au mariage mais se montre farouchement opposé au trou de la couche d'ozone, Maman Ours, pour faire la mariole  adopte la position inverse. Moi je passe mon temps à me marrer, parce que des ours qui grognent avec l'accent québécois, c'est des coups à vous accélérer la fonte des neiges. 
Puis, comme la nuit tombe – à moins que le jour ne se soit jamais levé – je leur annonce que je dois prendre congé d'eux. Papa Ours insiste pour me bouffer avant que je reparte, mais je décline son offre, prétextant une migraine.
Je rejoins mon truck pour y passer la nuit, à moins que ce soit le jour.

Dans mon cahier, le soir ou le matin, j'écris que le ciel est bas – à moins que ce soit la neige qui est haute – et que tout a l'air plus grand dans ce pays, même de loin.


Jour 6

Je me réveille contre une barrière de sécurité. J'ai dû m'endormir, à moins que ce ne soit l'orignal qui m'ait fait visiter du pays par la bande d'arrêt d'urgence.
Je regagne mon hôtel, et confie les clés du truck au "camionnier". Je lui demande de refaire le plein, ce qui devrait l'occuper une bonne partie de la journée.
Je profite que la journée soit à peine entamée pour la mettre à contribution : visite des boutiques souterraines et du mythique bar "Les Foufounes Electriques". Déambulations au hasard des noms de rues, au gré des intersections, à la faveur d'une boussole interne démagnétisée. Ah, se perdre dans une ville inconnue, dans un pays étranger…
Puis rentrer en taxi, parce que bon, y'a un temps pour tout.

Je choisis de me coucher tôt ce soir, car demain c'est le grand jour. Demain je fais ma lecture au festival, devant des millions de personnes dont une majorité acquise à ma cause.
Mais se coucher tôt, quand on est promis à une nuit blanche causée par le trac, c'est toujours assez tard.

Avant de m'endormir sur mon cahier, j'y écris que le temps c'est déjà l'été, et que tout a l'air plus grand dans ce pays, surtout la nuit à venir.

                                                                                                                                          A suivre...